#Nord de Seine #Sud Essonne #Sud Seine-et-Marne ////////////////////////////

RAPPORT 2022-2023 | PREMIERE ÉTAPE DE LA DEMARCHE EN ÎLE-DE-FRANCE

PREMIERE ETAPE DE LA DEMARCHE EN ÎLE-DE-FRANCE SUR TROIS PREMIERS TERRITOIRES d’expérimentation : « SUD ESSONNE », « SUD SEINE-ET-MARNE » ET « NORD DE SEINE »

AVRIL 2022 ➔ JUIN 2023

L’Île-de-France constitue depuis longtemps un ensemble complexe et particulier à appréhender en matière de politique culturelle. Première région économique française, la plus peuplée et la plus « riche » (30 % du PIB) avec près de 13 millions d’habitant·es en 2030, cette euro-région demeure encore la plus attractive pour les 18-29 ans. Articulée autour de Paris, grande capitale mondiale, et de sa Métropole, les dynamiques territoriales demeurent particulièrement inégalitaires dans leurs développements. Les mouvements profonds de recomposition territoriale avec le Grand Paris, l’étalement urbain qui se poursuit et l’extrême concentration des grandes institutions publiques et privées qui perdurent, demandent à rentrer plus finement dans les constructions culturelles des personnes dans la mesure où l’enjeu d’intérêt général est de prendre en compte la réalité des pratiques et des aspirations pour aider au développement d’un dialogue interculturel indispensable, apaisant et fécond.

Diffusées, produites, enseignées, transmises et pratiquées sur tous les territoires de l’Île-de-France, les musiques actuelles, grand ensemble hétérogène de la musique, se retrouvent masquées pour sa partie la plus importante par une logique industrielle puissante médiatiquement et financièrement, d’une part, et par une structuration institutionnelle publique héritée de l’histoire, d’autre part. Ces pratiques artistiques et culturelles, difficiles à qualifier dans leur diversité, sont encore très peu prises en compte ou sinon de façon très disparate dans les politiques publiques portées et coordonnées par l’État et les collectivités (communes, intercommunalités, départements, régions).

Ainsi, suivant la volonté d’approcher les réalités artistiques et culturelles plus finement au regard des droits culturels des personnes avec une attention portée à l’équité territoriale, le Réseau des musiques actuelles en Île-de-France (RIF) avec ses réseaux associés Maad93 et Combo 95 et leurs partenaires publics (Direction régionale des affaires culturelles d’Île-de-France, la Région Île-de-France et les départements de l’Essonne, de Seine-et-Marne, des Hauts-de-Seine et de Seine-Saint-Denis) ont proposé d’initier une nouvelle dynamique par la mise en place de concertations territoriales de type SOLIMA.


Ces démarches SOLIMA, malgré les difficultés à les appréhender, s’installent depuis les premières expériences il y a plus de dix ans, dans les pratiques de co-construction des politiques publiques aussi bien dans les musiques actuelles (plus de 30 démarches actuellement identifiées sur le territoire national) que dans d’autres domaines artistiques (arts visuels, cirque, marionnette, arts de la rue…). Elles visent à faire politique autrement en s’appuyant sur une dynamique d’interconnaissance entre les différentes parties prenantes
d’un territoire et une inversion des logiques centralisées et descendantes de l’action publique dans un processus collectif plastique, évolutif par l’expérimentation.
En Île-de-France, comme ailleurs, envisager la démarche sous le couvert de l’expérimentation, c’est une façon de s’autoriser l’inconnu, de s’ouvrir à ce qui va apparaître sans prédétermination. C’est aussi intégrer une progressivité des démarches, de les adapter aux dynamiques territoriales qui se révéleront et de tenter de mieux mobiliser les collectivités territoriales ou les personnes et acteur·rices, quelquefois « hors des radars ».
Les articulations entre les différents espaces de co-construction (local/régional) constituent aussi un véritable enjeu de l’expérimentation. Ainsi l’espace régional est indispensable, pour capitaliser, croiser, mettre en regard, partager et prendre du recul dès l’instant où il est bien arrimé et relié aux dynamiques des « territoires de vie ». Les processus de concertation doivent pouvoir ainsi s’adapter en termes de volume au regard des différentes thématiques avec des modes d’organisation spécifiques.

Le SOLIMA a pour objectif de répondre à des enjeux locaux, en portant des analyses débattues entre acteurs qui permettent d’identifier des missions de service public et d’intérêt général, en poursuivant 3 objectifs : observer et comprendre (les acteurs et les territoires) ; réfléchir et concevoir des propositions ; et proposer et mettre en œuvre des actions de coopération et des dispositifs de soutien. Concrètement, à partir d’un ensemble de constats élaboré et discuté collectivement, le SOLIMA doit permettre d’aborder des sujets aussi variés que la diffusion (coordonner les programmations, mutualiser du matériel, améliorer la communication, identifier et aménager des lieux adaptés…), l’accompagnement des artistes (dispositifs ou parcours d’accompagnement, aider à la production, accueillir en résidence…), les pratiques en amateurs (la répétition, les tremplins…), l’action culturelle et plus largement les modalités de l’action publique…
Il faut préciser que le SOLIMA n’apporte pas de réponse à toutes les problématiques. C’est un processus qui doit s’inscrire sur le long terme, avec des réponses qui pourront s’élaborer progressivement.

Ainsi, le SOLIMA en Île-de-France a été envisagé en positionnant une première étape d’avril 2022 à juin 2023 de mise en œuvre par :

  • Une première structuration de la démarche via un comité de pilotage, composé des initiateurs et animateurs afin de suivre, réfléchir et ajuster la démarche en cours et un comité technique opérationnel en charge de la mise en œuvre par l’animation et la création d’outils ;
  • Le recours à un soutien extérieur dans l’animation ;
  • La mise en place de la méthode sur trois premiers territoires d’expérimentation :
    • « Sud Essonne » (Sud91) composé de trois intercommunalités : CA de l’Etampois, CC du Dourdannais-en-Hurepoix et CC Entre Juine et Renardes (environ 100 000 habitant·es) ;
    • « Sud Seine-et-Marne » (Sud77) composé de cinq intercommunalités : CA du Pays de Fontainebleau, CC Moret Seine et Loing, CC du Pays de Montereau, CC du Pays de Nemours et CC Gâtinais Val du Loing (environ 200 000 habitant·es) ;
    • « Nord de Seine » (NdS), territoire interdépartemental (92, 93 et 95) composé de l’Établissement Public Territorial « Boucle Nord de Seine » (7 communes) et des communes de Bezons, Sannois, Saint-Gratien, Saint-Ouen, Saint-Denis, L’Île-Saint-Denis et Epinay (près de 800 000 habitant·es) ;

Les périmètres des trois territoires ont été déterminés avec l’idée qu’ils pouvaient évoluer à l’épreuve de ce qui serait révélé. Ils ont été définis selon des paramètres différents (ruralité, déséquilibre et cohérence territorial, forte urbanité « de l’autre côté du périph » …) avec la volonté première de mettre en dialogue ces espaces variés. Pour des raisons pratiques et de faisabilité, les démarches ont été lancées de façon décalée de deux mois entre les deux territoires ruraux et celui très dense de Nord de Seine.

Sur chaque territoire, les travaux ont commencé par le recensement des initiatives, la menée d’entretiens et l’identification de ressources, afin de sensibiliser, informer, impliquer les potentielles parties prenantes et dresser de premiers constats à mettre en discussion lors d’une première rencontre. A partir de premières réunions collectives au sein de « comité locaux », un travail de recensement s’est poursuivi, des thématiques et des axes de travail ont émergé pour être traités de façon spécifique sur chaque territoire et avancer vers des perspectives plus ou moins définies. Les pistes de développement ont été présentées à l’issue de cette première étape lors de la rencontre régionale qui s’est tenue le 15 juin 2023 à l’EMB de Sannois.
Une priorité a été d’installer ce « nouvel espace suspendu » sur le plan institutionnel dans le paysage des politiques publiques des trois territoires d’expérimentation et de l’Île-de-France.

[…]